Roger-Gaudry dans l’œil du département de physique : la « signature UdeM »
Regard ambivalent sur une architecture aux multiples charmes… et défis
Au pavillon Roger-Gaudry, le département de physique se situe tout près du Hall d’honneur. Pour Joëlle Margot, professeure et chercheuse en physique des plasmas, il est agréable de fréquenter ce lieu au quotidien. Avec ses accents Art déco, le grand Hall a toujours eu pour elle « un certain cachet ». Son collègue Michel Côté, professeur et chercheur en physique des plasmas, va même jusqu’à qualifier l’architecture du Roger-Gaudry de « majestueuse ». Perché en haut de la montagne, le bâtiment est un des seuls de la Métropole qui peut être aperçu malgré la distance, comme le remarque Michel Côté. En retour, il offre aussi une belle vue sur Montréal, dit Myriam Prasow, étudiante en première année du baccalauréat.
Véronique Desjardins poursuit cet éloge du pavillon en le qualifiant d’« œuvre architecturale phénoménale ». Selon ses termes, le bâtiment est même la « signature UdeM ». La grande tour qui s’élève du Mont Royal, la brique jaune uniforme et les escaliers en colimaçon apparaissent comme autant de traits emblématiques aux physiciennes et physiciens de l’Université de Montréal.
« Il y aura des boîtes dans le corridor, c’est inévitable ; des cylindres d’azote liquide qui traînent : c’est ça un département de physique. »
Michel Côté, professeur titulaire
Si l’apparence extérieure du grand pavillon n’a pas changé depuis plusieurs décennies, les lieux intérieurs du département ont dû s’adapter à l’évolution du domaine de la physique. Comme le souligne Michel Côté, au moment de monter une nouvelle expérience, les laboratoires doivent pouvoir être modifiés rapidement : « Il y aura des boîtes dans le corridor, c’est inévitable. Des cylindres d’azote liquide qui traînent : c’est ça, un département de physique », dit-il en souriant.
« Évidemment c’est vieux : on a un vieux mobilier, des chaises des années cinquante, soixante. C’est très hétéroclite. C’est un joyeux mélange de vieux et de nouveau. Mais, au département, on arrive quand même à faire de la science de pointe », explique Loïc Albert, agent de recherche en astronomie. Si le département a réussi à faire l’intégration de nouvelles technologies, ce n’est toutefois pas sans difficulté : Yves Lépine, professeur honoraire et ancien directeur du programme, qualifie d’« austère » le bâtiment Roger-Gaudry. En effet, faire sortir les gaz toxiques des laboratoires vers l’extérieur du bâtiment n’est qu’un exemple d’opération très coûteuse, et pourtant incontournable.
« Le classique : on trouve le chemin une fois, puis on suit toujours ce chemin-là jusqu’à ce qu’il soit fermé pour une raison X ou Y. Après cela, on pense que l’on est bon : on essaie de passer par un autre endroit, puis on arrive quinze minutes en retard, parce que l’on s’est perdu dans le pavillon », dit en riant le responsable de la bibliothèque de physique, Benjamin Constantineau. Il est de coutume de s’égarer dans les multiples ailes du Roger-Gaudry. Benjamin Constantineau ajoute toutefois qu’« il y a beaucoup de vécu dans ce bâtiment, et que c’est cela qui fait que Roger-Gaudry est chaleureux. »
On sent qu’il y a beaucoup de vécu dans la place. Je trouve que c’est vraiment chaleureux et sympathique comme endroit.
Benjamin Constantineau, bibliothécaire
S’il est difficile à apprivoiser au départ, et même souvent qualifié de « labyrinthique », le pavillon Roger-Gaudry demeure symbolique. Étudiant au baccalauréat et vice-président aux affaires externes de l’association étudiante de physique, Samuel Poitras s’exprime en ces termes : « Même si je suis ailleurs dans la ville, souvent, je remarque la tour et je me dis : c’est là que j’étudie ! Et littéralement en-dessous de la tour. » Le déménagement au nouveau campus fait qu’il perd ce symbole du Roger-Gaudry, auquel il s’identifie. Or, sur une note plus positive, il avoue que ce ne sera pas pour autant un changement négatif.