Espoirs et regrets : le département de physique quitte Roger-Gaudry

Entre nostalgie et excitation

Le déménagement dans le tout nouveau campus MIL ne laisse personne indifférent au département de physique. Si plusieurs ont hâte de découvrir de nouveaux locaux, d’autres anticipent avec inquiétude les changements à venir. Professeur.es, étudiant.es et personnel de soutien sont partagé.es entre espoirs et regrets.

Une part importante des regrets sont liés à l’espace personnel alloué aux professeur.es, aux chercheur.es et aux étudiant.es. Richard Lionelli, directeur du département de physique, souligne que lors de la construction du pavillon Roger-Gaudry, terminée en 1942, les locaux n’étaient pas régis par des normes règlementant leur taille. Au Campus MIL, les bureaux des professeur.es auront une moins grande superficie, et ceux-ci devront choisir judicieusement les documents qu’ils souhaitent y conserver.

Le nouveau Campus MIL en construction. Source : Projet Rétroviseur.

Il en est de même pour les bureaux des étudiant.es des cycles supérieurs. Les futurs bureaux seront regroupés en salles de travail réunissant huit ou dix étudiant.es, dépendamment de leur statut. Par exemple, les étudiant.es dits « numériques », effectuant de l’analyse de données, auront un accès accru aux bureaux, contrairement aux étudiant.es dits « de laboratoire ». Rosalie Shink, étudiante à la maîtrise, regrette également l’absence de tableaux, pourtant très utilisés en physique. Cependant, les murs seront en verre sur lequel il sera possible d’écrire avec des crayons conçus à cet effet. Cela signifie aussi qu’il sera impossible d’y fixer des affiches présentant des résultats de recherche ou des événements à venir, qui permettaient aux visiteurs de saisir rapidement le type de recherche menée au département.

Yves Lépine, professeur au département, craint aussi la petitesse des bureaux des étudiant.es. Selon lui, les étudiant.es doivent absolument venir travailler sur place, afin d’être près des laboratoires et des installations informatiques à haute vitesse : les écrans à haute résolution ne peuvent être transposés à la maison, même pour les théoricien.nes. Le question de la rémunération des étudiant.es-chercheur.ses est aussi en cause : ces dernier.es reçoivent une rémunération conditionnellement à une présence quotidienne. Ils et elles passent parfois de longues heures au bureau, devant des terminaux, et M. Lépine prévoit des problèmes si leur confort n’est pas assuré. Certain.es chercheur.ses regrettent également de devoir bientôt s’éloigner de leurs collègues mathématicien.nes, installé.es tout près dans le pavillon Roger-Gaudry.

Plusieurs ressentent cependant une grande excitation à l’idée de découvrir leurs nouveaux locaux et de s’approprier de nouveaux espaces. La beauté architecturale du pavillon et la grande quantité de lumière naturelle qui l’éclairera en font un lieu dont les occupant.es pourront être fier.es.

C’est rare, dans une carrière de professeur, de pouvoir aller dans un nouvel espace. Il faut prendre cela comme une opportunité !

Professeur Michel Côté

Les étudiant.es soulignent notamment qu’il sera agréable d’y accueillir des chercheur.ses invité.es. L’aménagement des laboratoires et la gestion des appareils qui s’y trouvent devraient également devenir beaucoup plus fluides. Le conditionnement thermique des espaces devrait être plus efficace et évidemment beaucoup plus moderne que celui du pavillon Roger-Gaudry, qui, selon ses occupants, laisse parfois à désirer.

Jacqueline Sanchez, agente de coordination, est aussi pleine d’espoir à l’aube du déménagement.

« Je vois cela comme quelque chose de grandiose. Je me sens privilégiée de pouvoir faire cette transition-là. J’ai vraiment hâte ! » Même si elle ressent de la nostalgie à l’idée de quitter le pavillon Roger-Gaudry dont elle apprécie tant l’architecture et le hall d’honneur, elle accueille positivement la perspective d’emménager dans un complexe de recherche majeur et tout neuf.

Les installations de recherche répondant aux exigences modernes sont attendues avec impatience par les chercheur.ses : les pompes à eau et le système électrique à Roger-Gaudry avaient atteint leur limite et ne permettaient plus d’améliorations.

La localisation du nouveau campus suscite également des réactions partagées. Certain.es étudiant.es et professeur.es regrettent la distance désormais plus importante avec de nombreux services et ressources de l’Université, tels l’Action humanitaire et communautaire ou la banque alimentaire, situés au pavillon Jean-Brillant. La distance accrue avec le CEPSUM déçoit aussi plusieurs sportifs et sportives… qui sont toutefois contenté.es par l’ajout de douches dans le nouveau pavillon, idéales pour les cyclistes. Ces dernier.es entretiennent d’ailleurs l’espoir de pouvoir bénéficier d’un abri à vélos verrouillé.

Le déménagement créera cependant des rapprochements inattendus : Jean-François Arguin, professeur au département, sera réuni avec ses collègues et l’ensemble du département dans le nouveau campus. À l’instar des chercheur.ses en matière condensée, les chercheur.ses qui étudient la physique des particules sont séparé.es de leurs collègues, puisque leurs bureaux sont situés dans l’aile V de Roger-Gaudry. M. Arguin dit avoir hâte d’avoir plus de contacts avec les autres professeur.es, et espère que la configuration des bureaux créera des rencontres aléatoires entre chercheur.ses. Qui sait, ces rencontres donneront peut-être naissance à de nouveaux projets…

Des étudiant.es rencontré.es au café étudiant La Planck regrettent déjà une activité pourtant clandestine : admirer la vue… depuis le toit du pavillon. « C’est une vue imprenable, depuis l’un des plus hauts points de Montréal », nous confie l’un d’eux. La vue la plus courante, celle du pavillon à la lueur du matin, sera également regrettée par plusieurs d’entre eux.

Le soleil se couche sur la Cour d’Honneur. Source : Projet Rétroviseur.

La vie de département telle qu’elle existe en ce moment dans les corridors de Roger-Gaudry manquera aux étudiant.es. L’impossibilité d’accrocher les mosaïques des finissant.es aux murs, alors qu’elles représentent les cohortes antérieures, est mentionnée par la plupart d’entre eux, tout comme la proximité entre les bureaux des professeur.es, des étudiant.es et du café. La perte de cette proximité sera, tous et toutes l’espèrent, remplacée par de nouveaux contacts entre des départements aux intérêts rapprochés : le nouvel espace, plus ouvert, favorisera les échanges humains et sociaux.